29.4.06

Abbado !!

Jeudi soir, Théâtre du Châtetet, Paris.
Mahler JugendOrchester, dir. Claudio Abbado.
Schoenberg : Pélléas et Mélisande
Mahler : 4ème symphonie

Je n'irai pas par quatre chemins. Ce fut exceptionnel.
Orchestre en état de grâce et dirigé par un Abbado divin de classe d'élégance, de précision.

Remarquable travail d'orchestre car obtenir une telle cohésion, un tel son d'ensemble avec une formation qui réunit des individualités de temps à autre relève du défit. Relevé haut la main. On pourrait citer tel ou tel soliste, tous d'un niveau remarquable mais surtout c'est le son d'ensemble qui frappe, par sa cohérence, le jeu de pupitre (cordes, petites harmonie, cuivres...). Remarquable travail d'orchestre aussi de part la maîtrise absolue des équilibres. Exemple parfait pour illustrer ce qu'est une mélodie de timbres. Vraiment stupéfiant. Maîtrise aussi dans le fait de ne jamais tomber dans le "bruit, le gras" alors que les effectifs de Pélléas le permettraient facilement... Obtenir une telle transparence avec 11 contrebasses et 16 violoncelles c'est pas gagné d'avance.

Bon vous me direz, je ne parle que de technique. Mais musicalement c'était à pleurer. Un pélléas totalement idiomatique dans tout ce que cela de post romantique sans pour autant en faire des tonnes. Les thèmes et motifs parfaitement mis en valeurs, une construction d'ensemble irréprochable. Je ne m'étendrai guère sur cette pièce que je n'avais pas réentendue depuis (au moins...).

Quatrième de Mahler. Là, j'avoue du grand art. Tempo assez allant dans le 1er mouvement mais respect absolu de la partition, des indications de Mahler. Tous les accents y sont, les nuances les plus raffinées du monde, le sourire du premier mouvement, les passages plus inquiétants. Tout je vous dit. Scherzo sarcastisque à souhait mais pas carricatural. Mouvement lent éthéré au possible dans le début d'une transparence à faire pleurer n'importe qui. Et une gradation au long du mouvement parfaite. Finale remarquable aussis. La chanteuse, même si on regrettera toujours Edith Matthis en sa prime jeunesse, s'en sort plus qu'honorablement, surtout dans la partie finale où elle nous transporte au paradis. Accompagnement idoine.

Jamais d'effets gratuits. Jamais d'affecterie. LA CLASSE au sens premier du terme.

Un Abbado transfiguré quand on pense à ses dernières années Berlinoises.

Merci Maestro. Merci les jeunes.

PS1 : Si les inconditionnels de Walter, Weingartner, Furt qui pensent que rien n'a été fait de bon depuis sont pas d'accord, tant pis pour eux, z'auraient du venir au concert ce décrasser les oreilles
PS2 : à l'attention des orchestres français dont on se demande parfois dans combien de temps le musicien (la musicienne) va tomber de sa chaise, pourquoi leur archet est si long alors qu'ils n'en utilisent que 5 cm... allez voir cet orchestre, regardez-les jouer et vous comprendrez des choses, je pense...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Réponse au PS2. Les orchestres français n'ont qu'à jouer un peu plusd e musique française, et la jouer au niveau qu'ont les orchestres allemands dans la musique allemande.
Chacun à sa place.

Ca évitera les désordres de part et d'autre.

Anonyme a dit…

"Obtenir une telle transparence avec 11 contrebasses (...)"

Faut que je t'explique un truc : sur les 11 contrebasses :

2 dormaient,
1 jouait "une nuit sur le Mont Chauve",
2 avaient leur partoche à l'envers,
3 papotaient sur le match OM/PSG,
1 se mélangeait les pinceaux avec toutes les marques faites au crayon gras sur sa touche,
2 jouaient correctement, d'où la tranparence et la légèreté... ;-)))

Moâ

Anonyme a dit…

D'accord.. on avait dit un mot sur le blog.. un petit commentaire sur le concert... là... ca fait beaucoup.. mais qui se plaindra de trop lire ? personne ici !

Bassklar a dit…

Pour réponde à Loïc, les orchestre français lorsqu'ils jouent la musique française ne sont pas plus engagés dans leur jeu pour autant... malheureusement.

Sinon pour le reste du message je reconnais bien là ton côté provocateur ;)