13.4.06

Brahms, Schumann, St Saëns, Boulanger, Schmitt, et le désormais fameux orgue du 104

Le WE dernier, journées portes ouvertes à Radio-France autour de la musique sacrée.

Honteusement (ça c'est pour la forme), je quitte à l'avance la répétition de la JPSSD pour rejoindre la maison ronde (que ceux qui disent que la Cité de la Musique est inaccessible me fassent part de leurs commentaires sur ce lieu...)

Premier concert. Les Cris de Paris, ensemble vocal semi-professionnel élargi à 32 voix pour l'occasion, et dirigé par Geoffroy Jourdain donne en première partie la Missa Sacra de Schumann (version pour choeur et orgue). Oeuvre presque jamais donnée, car jugée faible. Ben franchement j'aimerais bien être plus souvent faible de la sorte. Kyrie de très belle tenue, Gloria plus qu'honnête, Credo comme beaucoup d'autres (un tunnel), joli offertoire. Mais on retiendra surtout un Sanctus et un Agnus de toute beauté. Vraiment admirable.

En seconde partie, Brahms. Merveilleux op. 74 (Warum et O Heiland) où Brahms fait preuve d'un sens remarquable de l'écriture pour choeur a capella, avec son style inimitable tout en nous rappelant au passage que sans Bach, sans Schütz rien n'aurait été pareil... L'orgue joue ensuite, seul, une paraphrase sur le choral servant de base à O Heiland, puis accompagne Les Cris de Paris dans le sublime Geistlicheslied (aaaah la dernière page....). Vient ensuite l'opus 109 pour double choeur a capella écriture moins intéressante je trouve mais certes plus démonstrative disons.

Je ne peux que saluer la remarquable prestation des Cris de Paris. Couleurs, justesse, cohésion, homogénéïté. Toute cela n'est à l'évidence pas étranger au talent de Geoffroy Jourdain dont la direction à la fois souple et précise nous livre une lecture d'une grande limpidité et touchante de ces oeuvres, méconnues pour Schumann, des piliers du répertoire pour Brahms. Le choeur répond comme un seul homme à ses sollicitations. Tout ceci nous montre que depuis quelques années nous avons en France de vrais chefs de choeur ce qui change de nombre d'autres qui officient en ce domaine à défaut d'autre chose ou d'organistes reconvertis. Ouf ! Pourvu que ça dure...

Pause.

Second Concert. National de France, Choeur de Radio France, quatuor de solistes pour le Déluge de Saint-Saëns. On sera reconnaissant à Yan-Pascal Tortelier d'avoir fait remarquablement sonner l'orchestre et le choeur à l'évidence dans un bon jour. Et de maintenir les équilibres sonores ce qui n'était pas évident surtout dans l'auditorium Olivier Messiaen fort petit pour un tel volume sonore... Visiblement à l'aise dans cette musique, certains passages auraient -à mon sens- mérité plus de respiration, l'interlude central du déluge qui fait penser à Lohengrin était dégraissé (et tant mieux c'est du St Saëns, pas du Wagner) mais un poil hâtif tout de même. On saluera la remarquable prestation de la Soprano (Sophie Marin-Degor) dans la dernière partie, celle tu ténor (Sébastien Guèze) en dépit de quelques accrocs. On aurait pu préféré une basse plutôt qu'un baryton pour incarner Dieu mais le timbre de Renaud Delaigue était fort agréable et les lignes bien conduites. Toutefois, on peut se demander pourquoi seul lui roulait les "r" et pas les autres... Quant à la mezzo (?), à défaut de l'entendre, on la voyait puisqu'elle était toute vétue de rouge ce qui contrastait avec la sobriété des autres tenues (le contraste vaut pour la tenue vestimentaire ET musicale).

Ensuite le Pie Jesu de Lili Boulanger pièce visiblement émouvante mais desservie par Ingrid Perruche qui y semblait peu à l'aise, la voix peut être un peu trop large pour cette pièce et un orgue à la fois moche et trop présent. D'aucuns diront que la sécheresse de l'acoustique n'aide pas...

Finalement, le Psaume XLVII de Florent Schmitt. On aime ou on déteste. Ingrid Perruche fait cette fois preuve d'une formidable tenue et l'ensemble des forces réunies (c'est le cas de le dire) donnent une lecture brillante de cette oeuvre qui ne l'est pas moins ! On saura gré à Y-P Tortelier d'avoir autant que faire se peut maintenu les équilibres sonores (ce qui est loin d'être gagné, surtout dans une telle salle), et donné une lecture claire et parfaitement en place de cette partition complexe. Et finalement, dans l'esprit. Bien !

Venons en enfin à l'orgue. Thierry Beauvert nouveau directeur de la musique de Radio France en a annoncé la vente (et la construction d'un nouveau). J'ai du mal à comprendre ceux qui s'en offusquent. Ces deux concerts ont donné l'occasion d'entendre cet instrument en accompagnement, en solo, en plein jeu ou dans des registrations bien plus intimistes. Au final ça sonne comme un bontempi... un Nokia ou un Samsung... beurk....

D'où deux question : qui donc va acheter l'orgue du studio 104 ? Le nouvel orgue doit-il être construit à la maison de la Radio en son nouvel auditorium ou dans la nouvelle salle de la cité de la Musique ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Inaccessible ? Tout dépend le sens que tu donnes à accessibilité.

Si c'est une question de type de public, je ne connais pas celui de la Maison de la Radio, mais je penche pour une majorité d'auditeurs de France Musique, donc des initiés. D'ailleurs, je me suis toujours demandé pourquoi Radio France considérait Musique au singulier, sans doute parce qu'il n'y a qu'une véritable musique... Le reste n'est digne de passer que sur FIP, Le Mouv' ou Inter ! Je sais que je caricature, mais c'est un peu vrai, non ?

Si c'est juste une question de transport, c'est sûr qu'il vaut mieux habiter sur la ligne C du RER, quoique ce n'est pas le bout du monde non plus. Un habitant du 15ème mettra plus de temps à aller à la Cité de la Musique. Mais je pense que tu ne parlais pas de ça.

Pour l'orgue, il faut peut-être en parler au CG, car ils en sont friands...

Joyeuse Pâques !!!

Bassklar a dit…

J'ironisais sur la formidable déserte de la Maison Ronde par les transports en communs pour ceux qui n'ont pas la chance d'habiter sur la formidable ligne C... on dans le quatier populaire de Passy... (où alors au dessus du centre commercial Beau Grenelle le mal nommé.

Sinon sur le S à Musique... parle-en à T. Beauvert le nouveau dirlo de la zique à RF et à son prédécesseur qui avait ajouté le S à France Mu' avant qu'il ne soit enlevé...

Quant à l'orgue, je veux bien en parler au CG mais tant qu'à faire dans la culture, autant ne pas récupérer une bouse. Voilà le mot est lâché.