16.3.06

Jef Gravis

Les rencontres sont – parmi d’autres choses – le sel de la vie.
La semaine dernière j’ai rencontré Jef Gravis.
Puis, j’ai rencontré ses œuvres tout aussi riches et intéressantes que leur créateur.
Si Jef Gravis a créé beaucoup d’œuvres purement picturales comme Ho Bo, ci-contre, son travail utilise désormais le sel comme élément structurant de ses créations qui, du fait des ses propriétés oxydantes, deviennent des œuvres évolutives.

«Pour toutes ces séries d'emboîtages, le sel, au contact du fer (principe actif modifiant la substance inerte), reste l'ingrédient principal de fabrication. Laisser faire ce qui advient, attendre que le temps fasse son oeuvre : le temps qu'il fait, le temps qui passe...»
Empreintes



« Dans le travail de Jef Gravis, le regard du spectateur est attiré non seulement par le signe et son altération mais par le processus de cette dernière. En effet, la présence invisible du métal, fer ou eau de cuivre, gisant au coeur du sel et l'oxydation qui fait son chemin, révèlent en surface le signe d'abord occulté, transpirant l'oxyde à travers cette minéralité statique. S'ensuit un temps long de pigmentation colorée du grain : de jaune soufre virant à l'ocre orangé puis au brun terre d'ombre...
Cette empreinte du temps ne se stabilisera qu'au terme de l'épuisement ionique de l'oxyde ferreux. C'est une trace en mouvement. »
Vincent Espagne


Et laissons l’artiste parler lui-même…

En 1995, Pascal LETELLIER, auteur d'écrits sur l'art contemporain, propose à Jef Gravis, artiste plasticien, un jeu de questions-réponses autour de ses oeuvres au sel.
Pascal Letellier : C'est en voyageur que tu as « rencontré » le sel au Laos. Quand tu parles de ce peuple saunier, les mots que tu emploies sont ceux de l'ethnologue. Cependant cette découverte a profondément marqué ton travail d'artiste. Comme si tu avais exploré là une nouvelle contrée sur ce territoire salicole dessiné entre Guérande, le Bénin, Aigues-Mortes, suivant des points d'équilibre entre des « énergies premières émergentes » : ces petits cônes blancs très purs qui ponctuent l'espace partout sur la planète.
Jef Gravis : Cette découverte du sel au Laos s'est produite en 1992. Elle est liée à la rencontre d'un ingénieur des Travaux Publics résidant à Vientiane, et aussi à la lecture d'un article de Charles Archambault « Une cérémonie en l'honneur des génies de la mine de sel de Ban Bo (Moyen Laos) ». Ce village saunier de Ban Bo avait tout pour exciter ma curiosité : pompage d'une nappe souterraine d'eau salée, chaudières alimentées en bois exotiques, bacs parallélépipédiques en tôle d'acier pliée pour l'ébullition de l'eau de saumure, fils électriques tirés entre les paillotes, suspendant de rares ampoules...
Quant aux Laotiens vivant sur le site, leurs attitudes physiques m'évoquaient les personnages des fresques du Musée de la porte Dorée, peintes en 1930 à la gloire de l'État colonial français... J'étais loin de penser à une internationale saulnière, salicole ou salifère (les paludiers de Guérande ont monté le projet Pirattes en 1991, projet d'exportation du savoir-faire breton au Bénin !).

Pascal Letellier / Jef Gravis
Extrait du catalogue de l'exposition « Feu délivré des eaux », Galerie des Franciscains, Saint-Nazaire 1995.



Pour celles et ceux qui veulent en savoir, en voir plus, Jeff Gravis expose à

L’Espace Culturel Bertin Poirée
du 7 au 21 mars 2006
du lundi au vendredi de 12h30 à 20h30
le samedi de 12h30 à 18h30

8-12, rue Bertin Poirée, 75001 Paris
M° Châtelet, sortie rue de Rivoli, Pont-Neuf


Contacts :
JEF GRAVIS
49 bis, rue de Paris
93230 Romainville – France
Courriel : rajg@club-internet.fr

Photos des œuvres : © Jef Gravis
Autres photos : © Kim Vi Van

1 commentaire:

Schützenberger a dit…

Jef Gravis a maintenant un site : https://www.jefgravis.com